mercredi 30 mai 2007

VAnitas Vanitatum et omnia vanitas,vanité des vanités tout est vanité

Louis XIV mourant regrettait son amour excessif de la guerre. Lui qui avait vécu dans le faste et la pompe, avait le cœur gros de laisser la France meurtrie par des guerres interminables. Pour le repos de son âme, il faut souhaiter qu’à l’article de la mort, Mobutu qui avait tant mal aimé ce brave peuple du Congo au point de falsifier son nom, ait eu le coeur gros de le laisser ruiné, presque détruit. Rien pourtant ne manquait au Zaïre de Mobutu pour être heureux à faire pâlir d’envie ses voisins francophones plutôt mal lotis : des terres immenses au sol et au sous-sol à ce point gâtés par la nature qu’on croirait leurs richesses inépuisables. Pour un pays tropical où en général l’homme est rare et peu entreprenant, des hommes nombreux, dynamiques, pressés, on le croirait, de rattraper le temps que les colons belges et flamands leur avaient perdu pendant près d’un siècle. Il n’est pas, (sauf le kamdjatka et l’excessive Sibérie) une seule région du monde habité où tu ne rencontres un concitoyen de Mobutu, des Amériques aux îles du Pacifique, jusqu’au dos de la terre (na sima ya mokili) !
Et pour qu’y faire ? Pour s’amuser en bon nègre étourdi, même si personne ne veut de cet immigrant impénitent ? Non pas. Cet homme qui n’est pas triste et qui ne dédaigne ni les jeux ni la danse, s’il court le monde, c’est pour apprendre. Les voyages forment l’homme. Le zaïrois de Mobutu a soif d’apprendre parce qu’il veut gagner. Et il sait que pour gagner, il faut avoir appris. Aussi, vous ne trouverez pas derrière ses facéties, nègre plus studieux, plus sérieux, plus appliqué à ce qu’il fait.
Je veux bien croire avec ses amis les occidentaux qui ont tiré de sa folie des grandeurs le meilleur parti, je veux bien croire que le Sesseseko perdu d’orgueil et de vanité a été un génie politique, mais je veux surtout croire que pour qu’il n’ait pas fait du Zaïre un grand pays moderne, il faut qu’il ait été un bien mauvais génie. Cet homme féroce, s’il s’était souvenu, lorsque, ivre de vaine gloire, il se donnait un règne sans partage et sans limite dans le temps, que, venu de la poussière, tout homme retourne à la poussière, se fut-il conduit avec une telle arrogance effrontée ?

Extrait de Combats pour une renaissance de l’Afrique nègre, Parole de vivant, Espaces culturels, Paris 2002

dimanche 27 mai 2007

La construction de murs de protection contre l'étranger, une tradition bien occidentale

Construit au lendemain de la 2è Guerre Mondiale par l'Union Soviétique pour protége le bloc socialiste de la contagiondu capitalisme, le mur de Berlin fut baptisé "mur de la honte" par le bloc capitaliste qui y vit une triste reculade de la civilisation et e l'humanisme. Jour et nuit, en faction dans de sinistres miradors et armés jusqu'aux dents, des centaines et des centaines de vigiles montent la garde. Cerbères inflexibles, sourds à la prière, gare aux téméraires! Il n'en manqua point. Aussi, tout le temps qu'il resta debout, le sinistre ouvrage fut régulièrement arrosé du sang de milliers de milliers d'hommes et de femmes qui tentaient de le franchir pour échapper aux horreurs du camp marxiste. et lorsqu'en 1989, il fut abattu, le mur, quel homme, quelle femme,en deça comme au delà, n'exulta de joie? L'espoir revint que l'humnité à nouveau allait se remettre en marche. Et l'utopie qui nourrit le coeur des hommes. L'utopie dela fraternité entre tous les hommes de la terre. Par delà les appartenances ethniques, religieuses ou politiques. Entre les hommes il y'a mieux à faire que de se guigner de travers et d'échanger des coups comme des malpropres.

C'était sans compter avec la force des traditions. la tradition si elle n'est métamorphosée en vie créatrice se transforme en implacable destin. Dresser des murs protecteurs contre différents de soi et qu'on couvre de tous les péchés d'Israël pour ustifier leur rejet, et chose ncienne en occident. Aux IIIè-IVè sicle de notre ére comme chacun sait, Rome inqiète des incursions de ses voisins du nord fit construire sur toute la longueur du Danube un grand mur, le limes;avec sur toute sa longueur des garnisons pour tenir en respect tous ceux-là qui cherchaient à pénétrer dans l'empire pour profiter de ses merveilles. On sait ce qu'il advint du mur fameux: au bout d'un siècle de harcèlement par des populations chassées de leurs pays par des conditions d'existence intenables, il céda. Ce fut alors un ruée épouvantable qu'avec une meilleure politique des frontières, Rome eut évitée. Huns, Vandales, Goths, Wisths, Francs et Lombards, en quelques décennies furent maitres de l'Occident tout entier. Face à l'obstination désepérée des immigrés la force des armes et la violence furent impuissantes. rome aux abois ne sut plut à quels dieux se vouer. Rome céda et détruisit le limes. Et grand bien lui fit: les barbares injectèrent du sang neuf à l'occident usé par la débauche.

Dans les relations des peuples il en toujours été ainsi à travers l'histoire de l'humanité. Celle-ci ne peut progresser que par la fécondation réciproque des différences. Ce que l'occident appelle "miracle grec" n'est un miracle que pour les ignorants. Derrière il y'a toute la civilisation de la Mésopotamie et plus loin de l'Inde bouddhiste et brahmanique. Il est dangereux de résister avec arrogance à la différence. Les constructeurs du mur de Berlin semblent ne s'en être pas souvenus. Ce qui est compréhensible, puisque, chez les marxistes, le progrès de l'Histoire, et donc des sociétés humaines, dépend de l'oubli du passé. On se répète alors avec une gravité émouvante: "du passé faisons table rase!" Or, l'amnésie est préjudicible aux sociétés humaines. Comment, si le passé ne compte pas, définir mon identité et celle de la communauté à laquelle j'appartiens? C'est Bergson qui dit avec justesse que "la conscience est un pont jeté entre le présent et le passé". L'occident en aurait-il donc subitement manqué qui, pour se protéger contre l'immigration, vient de jeter entre son territoire et l'Afrique,dont elle a tiré tout le profit à travers l'Histoire (et ce n'est pas fini), un dispositif politico-militaire destiné à refoulé dans leurs déserts et leurs forêts les barbares d'Afrique; avec le coeur d'autant plus tranquille que la consolidation de l'Union Européenne éloigne pour longtemps entre les occidentaux le spectre d'une guerre por laquelle les africains seraient encore utiles. Pour l'heure, et à cause de cette fausse lecture de l'Histoire, les candidats à l'immigration devront attendre que l'occident où ils rêvent de s'accomplir choisisse parmi eux, ceux qui, par leur intelligence, comme autrefois les esclaves par la force leurs muscles, peuvent être utiles à l'Occident. Pour le reste, c'est-à-dire les moins doués, et pour cette raison condamnés à ne jamais sortir de leurs pays de misère, l'Occident à fait la promesse de s'attaquer à la pauvreté dans ces pays. Ce qui va stopper du même coup l'immigration massive, la source qui l'alimente ayant été tarie.

Je ne demande qu'à le croire. Seulement, suite au long sac des économies africaines le sous-développement des sociétés est tel qu'il faudra un improbable plan Marshall pour sortir du bourbier la majorité d'entre elles. L'intention est sans doute bonne. Mais on sait aussi que l'enfer on est pâvé. Le poids des mentalités occidentales concernant l'afrique est tel que l'occident n'est pas prêt pour entreprendre pour l'Afrique une telle opération de sauvetage. Et puis l'habitude du pillage tranquille de l'afrique étant bien prise, l'occident à l'appétit insatiable aura bien du mal à s'en défaire (l'habitude est une seconde nature). Ses industries sont gourmandes. Que faire pour se passer de l'uranium du Niger, du pétrole du Golf de Guinée, du cuivre, du diamant, du cacao, du bois,etc que l'occident obtient pour une bouchée de pain. La tentation est donc bien grande en vérité de continuer à les prendre à ces conditions là.

Par calcul abondonnée par l'occident à des dirigents indignes qui sont aussi les amis de l'occident, le développement de l'Afrique n'est pas pour demain. Autant dire que l'immigration clandestine a encore de beaux jours devant elle. Comme hier pour ces pauvres gens enfermés derrière le mur de Berlin, et comme autrefois pour les barbares d'au-delà du limes romain, le désespoir des africains aura raison du dispositif politico-militaire dressé contre eux. L'immigration est un phénomène naturel. De la nature dit le poète ou le philosophe, il ne faut pas s'éloigner d'un pas. Celui qui s'en élogne le paye bien cher souvent. Pour éviter que la traque de l'immigré ne pose plus de problèmes qu'elles n'en résout, par exemple créant entre les nations des tensions dangeureuses, ou inspirant aux candidats à l'immigration des idées diaboliques, il faut humaniser l'immigration.

mardi 15 mai 2007

Mahoung' ma Nsimba

La paix et le bonheur sur toi, grand Seigneur à qui Dieu me fait encore la grâce, ce jour de serrer la main! Que les temps sont changés. Devenus bien mesquins, et lançés à fond de train vers ce qu'ils appellent le bonheur, mais qui doit faire se retourner dans leurs tombes Aristote et saint Thomas-d'Aquin, les hommes d'aujourd'hui ressemblent de plus en plus à des fauves.

Insensiblement, il s'était tourné vers la croupe chauve d'un groupe de mamelons où, dans l'attitude du lutteur, se tordaient de vieux palmiers noueux. Une grande animation intérieure mit des éclairs dans ses yeux faibles. Dans leur gravité tourmentée, ces palmiers paraissaient les témoins farouches d'un événement mémorable par quoi s'était exprimée une grande époque de l'Histoire de son pays. C'est là, il s'en souvint, que pour avoir voulu rester des hommes, sont couchés quelques-uns des plus valeureux de nos pères. Mort violente dont la cruauté était cependant adoucie par celle de l'ennemi couché sur le même champ de bataile, et qui doit maintenant rendre compte devant la justice d'en haut, du déséquilibre de notre société. Si notre civilisation dissipée et les hommes émasculés qu'elle produit ont perdu le sens de le loi et des principes qui donnaient aux initiés la connaissance des phénomènes de la nature et le gouvernement du monde, c'est la faute de la civilisatioin occidentale qui travaille à tourner la nôtre en dérision. Mais c'est la grande faiblesse de cette civilisation d'occident de mépriser tout ce qu'elle ne peut ramenerà ses catégories de pensée, pour en proposer une définition de type mathématique. Comme si tout pouvait être enfermé dans ces simplifications, nécessaires sans doute, comme exigence de l'esprit humain, mais dangereuses dès qu'on oublie qu'elles ne représentent qu'un moment du déchiffrement de la nature. Cette civilisation d'occident a certainment tort d'ériger en preuve formelle de la fausseté des systèmes de connaissance différents du sien, son incapacié à y voir clair.
[...] Ancien séminariste tonsuré Mahoung' ma Nsimba était l'un des premiers lettrés de son pays. La vivacité de son intelligence avait séduit ses maîtres, et lui avait mérité d'aller en Europe pour parfaire sa formation. Mais le spectacle de l'exploitation sauvage de sa patrie et le tohu-bohu des guerres d'exterminaion allumées par les sages d'Europe qui s'ingéniaient pourtant à expliquer et à justifier tant de violences par des arguments de sophistes, révoltèrent l'hôte aimable et timide de la maison du père Libermann. Mahoung' ma Nsimba revint d'Europe l'esprit tout retourné, et ayant perdu la foi en cette civilisation prestigieuse d'occident que ses fils, jusque là, avaient présentée comme une haute pentecôte à laquelle tous les hommes de la terre étaient conviés. Maintenant retiré à M... son village natal, il employait les loisirs d'une retraite méritée à méditer sur la fragilité des oeuvreshumaines et le estin de l'Afrique condamnée, pour longtemps, il lui semblait, à faire les frais de la démesure et de l'intempérance des Blancs encouragés par la naïveté des Noirs compromis. Atroce est l'ordre de l'Histore, soupira-t-il. On ne s'y taille pas une place sans dure ascèse. sans purification intérieure, sans cesse reprise. Ecrasé par le foisonnement de sa trop riche nature et prise dans la guangue de ses mythes auxquels elle ajoute la sottise et la cupidité de bien de ses maîtres, l'afrique en oubliait la raideur de l'escalier de l'Histoire; plutôt, s'étant trouvée nez à nez avec l'Histoire, elle s'était découragée devant ses exigences et avait replongé bien vite dans le cadre intemporel des ses mythes douillets; tout en organisant un discours lyrique su l'ascension de l'Histoire! Seulement l'Afrique n'avait jamais cru en l'Hstoire qui peut servir tout juste à inspirer des contes et des légendes si chers aux civilisations émasculées ou pusillanimes!
extrait de "L'ombre de la nuit", Atimco, 1994

lundi 14 mai 2007

La nation, sédimentation continue de différences

Empilement, puis fusion, sous la longue durée de communautés aux traditions diverses et contrastées, une nation n'est pas une ethnie, qui s'est elle même construite sur le mode de la nation, au terme d'un processus complexe de fusion d'éléments d'origines culturelles diverses.La nation et l'ethnie sont donc du côté de l'histoire et de la culture, et non de la nature. Elles sont chacune à leur échelle, un processus, un cheminement, un travail de l'homme sur soi. Dans ces conditions, parler de français de souche, de belges de souche, d'italiens de souche, de portugais,d'espagnols de souche, etc, ne signifie pas grand chose; puisque, tout compte fait, sur cet espace territorial appelé nation, il n'est personne qui ne soit venu d'ailleurs. Pas même ses premiers habitants (les indigènes des latins). Puisque, avant leur installation, il n'y avait personne, un no man's land. Il vaut donc mieux, lorsqu'on parle d'identité nationale, viser son homogeinété culturelle plutôt que l'épaisseur temporelle de l'installation sur son territoire de sa population. Les populations qui ont fini par fomer le peuple français ne sont pas arrivées sur le territoire de la France en même temps. Aux celtes: allobroges, éduens, séquaniens, etc, s'étaient ajoutés, pour former la communauté culturelle homogène que nous connaissons,chacun à des moments différents, vandales, goths, wisigoths, huns, ostrogoths, francs, lombards, arabes, Vikings enfin, en attendant le grand déferlement du XIXè siècle. Et cependant tous fondus à terme les uns dans les autres, greffés les uns sur les autres, depuis ils sont tous français. Leurs souches françaises sont donc culturelles d'abord. La dimension géographique de celles-ci est secondaire. Du point de vue géographique, tous à un moment donné de leur existence furent des immigrés. Ce qui peut leur donner l'illusion à tous d'être des français de souche, c'est sans doute l'identité de la couleur de peau qui rend invérifiable le caractère sédimenté du peuplement de la France par tant de communautés aux tradtions à l'origine si diverses.

La pigmentation de la peau justement, voila le problème qui fache et qui retarde la rencontre de l'humanité à Babel. Babel, mythe certes, mais si belle utopie! Des Antilles françaises ou d'Afrique Noire, le Noir, en France- le spot publicitaire du CRAN (Cercle representatif des associations noires) le rappelle chaque jour à la télévision- est comme l'arabe, à cause de sa couleur de peau, l'objet de discriminations multiples: à l'embauche, au logement, dans les lieux de loisirs, etc. Or, des Antilles ou d'Afrique, le Noir fait partie de l'histoire de la France. Pour sa crédibilité et l'harmonie entre ses composantes culturelles, la France s'oblige ainsi à un devoir de mémoire. Le passé et l'histoire de la France traversent le présent de chaque français; ils sont des éléments constitutifs de l'identité de chaque français. De sorte que des Antilles ou des anciennes colonies, au même titre que ceux qui viennent d'Italie, de Croatie, de Roumanie et d'ailleurs en Europe, le Noir dont on a tendance à faire un sous-français, qui ne serait pas français à part entière, le Noir donc fait partie de l'héritage de la France. Il avait contribué à le forger. Il est donc injuste de l'empêcher d'avoir part à cet héritage.Pour ceux-là, immigrés, avec ou sans papiers, d'avoir été dans le passé aux côtés de la France au moment où celle-ci était aux abois, et aujourd'hui de travailler au maintien et à l'expansion de la langue française par la francophonie, sont des titres suffisants pour revendiquer, sans être traités d'effrontés, qu'eux-mêmes et les anciennes colonies d'Afrique d'où ils viennent soient traités avec moins de désinvolture par la France que le devoir de mémoire oblige à se comporter autrement vis-à-vis d'eux. La grandeur d'une nation comme la France se vérifie à sa constance dans l'amitié, à sa fidélité à tenir les engagements pris par le passé vis-à-vis de ceux qui l'avait obligée. Ainsi ça devient moralement gênant lorsque, quel que soit leur statut, les immigrés que tant de législations agressives jettent dans le stress et l'angoisse permanente, viennent des pays qui ont avec la France un lien historique qui, par sa nature et sa durée, est loin d'être ordinaire. Il parait que désormais dans la candidature pour l'immigration en France la connaissance de la langue française ou même seulement un commencement de connaisance de la langue française est un critère décisif. C'est bien, c'est très bien. Parce qu'il ne faut pas vivre en autiste dans le pays de son choix, et qui vous accueille. La question est alors: que fera-t-on des immigrés venus des pays francophones? On les voit chaque jour rudoyer comme tous les autres qui ne savent pas un mot de français. Encore que ceux-ci, pour cette raison, ne méritent pas d'être traités avec si peu d'humanité. "Chaque homme, rappelle Montaigne, porte en lui la part entière de l'humaine condition" (Montaigne, Essais, III).

mardi 8 mai 2007

La France et l'Afrique demain

Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, tissées de magouilles et d’intrigues depuis les indépendances, les relations de la France et de ses anciennes colonies devraient s’assainir, à entendre la déclaration du Président élu. Ces pays devraient cesser d’être le pré-carré de la France pour devenir des partenaires économiques à part entière. Non certes parce que, plus que le général de Gaulle, plus que Georges Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, et Jacques Chirac, Sarkozy nourrirait des sympathies particulières pour les Noirs, mais parce que, c’est là, pour lui, le meilleur moyen d’endiguer l’immigration, clandestine et non clandestine dans ce pays. A la base donc, non un élan de générosité, mais de froids calculs. Les statistiques le montrent, et les discriminations à l’emploi, le Noir n’est pas en France le bienvenu. Vade retro, Black ! Naturellement pour des problèmes de survie, le Black mal-aimé se cramponne. Il sait que dans cette France pour le salut de laquelle ses parents, ses grands-parents, ses arrières grands-parents avaient généreusement versé leur sang, il est guigné de travers. Certes la République le protège comme elle peut, mais n’a cesse en même temps de lui rappeler qu’il est un immigré. Par ailleurs sa présence massive, croit-on, fait que de nombreux français se trouvent au chômage.

Le petit peuple français est naturellement sensible à la simplicité d’une telle idéologie. C’est en tout cas la position du Front National sans le vote massif duquel Nicolas Sarkozy ne serait probablement pas élu Président de la République Française. Il a bénéficié, on l’a vu, de 66% des voix de ce parti haineux et xénophobe. Parce que tout simplement Le Pen battu, Sarkozy restait le seul à porter les espoirs des nationalistes et des chrétiens xénophobes. Sauf à lui voler ses matières premières : cacao, pétrole, uranium, cuivre, diamant, etc, sur le plan économique, l’Afrique Noire n’est d’aucun intérêt pour la France, qui, au contraire a tout à gagner à concentrer ses efforts à la construction de l’Europe à laquelle il manquerait cependant quelque chose si on ne l’arrimait aux pays de la Méditerranée du sud : le Maghreb et le Proche Orient dont il faut à tout prix faire des partenaires privilégiés, à défaut de les intégrer à l’Europe. Ces pays du sud de la Méditerranée représentent en effet un énorme potentiel économique, et leur poids dans la politique internationale est considérable. Il convient donc, si proches de la France et de l’Europe, de les avoir avec soi.

Mais l’Afrique ?(entendez les pays au sud du Sahara, l’Afrique Noire, puisque dans l’esprit des ressortissants de cette région, qui d’ailleurs comme leurs autres voisins les européens, n’ont pas une haute idée des Noirs, le Maghreb ne fait pas partie de l’Afrique, et qu’ils s’offusquent de s’entendre appeler africains. Mais on sait quelle tranche sombre de l’histoire de l’Afrique explique que les maghrébins prennent leurs distances avec leurs voisins Noirs) . Mais l’Afrique donc ? Sans illusion pour le moment, je pense qu’elle sera laissée pour compte par la France et l’Europe ; quitte à la piller, aussi longtemps que, sur l’échelle du monde, son poids économique sera dérisoire et que ses dirigeants depuis les indépendances hommes de main des politiciens occidentaux et bourreaux de leurs peuples ne prendront pas conscience du drame de l’Afrique, pour agir avec plus de dignité et de sérieux dans la gestion de leurs pays jusqu’aujourd’hui allégrement livrés aux multinationales.

Dans quelques jours, quelques semaines comme toujours depuis longtemps, les chefs d’Etat de l’Afrique noire monteront à l’Elysée pour faire allégeance à Nicolas Sarkozy. Plaise au ciel que l’ardent théoricien de l’immigration choisie se souvienne de ce qu’il a dit dans sa déclaration du 6 mai au soir, et tienne parole pour dire à ses hôtes, les yeux dans les yeux : « chers amis, avec moi la donne a changé. De même que j’ai déclaré la guerre à l’immigration clandestine, dès aujourd’hui, je la déclare aux dictateurs auxquels sans répit je donnerai la chasse, c’est le seul moyen pour gagner la guerre contre l’immigration clandestine. »

dimanche 6 mai 2007

A propos de l'immigration choisie

Pour les personnes dites de couleur, issues de l'immigration, volontaires ou forcées (l'esclavage), la bonne et généreuse intention de la droite française de recourir à l’immigration dite choisie pour stopper l'immigration clandestine, origine, selon elle, de tous les maux dont souffre la société française, a d'étranges et troublantes résonances avec la traite des Noirs, et rappelle le caractère tenace d'un vieux et triste réflexe marchand devenu hélas trait de mentalité chez beaucoup. 400 ans de civilisation et de progrès n'ont pas encore réussi à le gommer de la tête de beaucoup. La traite des Noirs appelés aussi bois d'ébène à cause de leur haute valeur marchande était une opération commerciale dans laquelle la valeur de l'article mis sur le marché était déterminée après examen un minutieux par les qualités vérifiables de l'article: pour les hommes, la force physique fondée sur la qualité de la dentition, la forme de la musculature, la taille, l'âge bien entendu. Pareil pour les femmes. Plus les seins qui devaient être bien en place, et naturellement pleins. La qualité de telles pièces d'ébène garantissait leur rendement économique; et tant pis pour l'avenir démographique, économique, culturel et social des régions d'Afrique d'où ces malheureux étaient arrachés.
Placée dans la perspective de la traite des Noirs qui a façonné les rapports entre l'Afrique et l'occident l'immigration choisie est un prolongement à peine dissimulé de la traite des Noirs. Elle reproduit les conditions de l'esclave nègre privé de la moindre sécurité affective et sentimentale, puisque l'immigré choisi n'a pas le droit de faire venir sa famille. Il est une machine à produire, pas un être humain qui a besoin pour s'épanouir, que soient réunies un certain nombre de conditions de la vie sociale, et satisfaits des besoins prioritaires qui ne sont sans doute pas, d'abord, un salaire, certes incomparablement plus élevé que celui qui lui est alloué dans son pays d'origine. Mais pour qu'un homme soit heureux l'argent suffit-il? Multiplier les mesures inhumaines contre l'immigration clandestine, mettre tant d'entraves à l'immigration régulière, n'est certainement pas le plus sûr moyen de régler le problème de l'immigration clandestine. En tout cas faire de l'immigration un hème central de campagne électorale, c'est se donner des facilités et abuser les français sur les causes réelles de la crise de l'économie et de la société françaises, malades non de l'immigration noire et maghrébine, mais de leur vieillissement et de l'incapacité des politiques français à innover.

Le lourd héritage de la traite des Nègres

Lorsque, au 19è siècle, à des dates différentes, les pays d’occident qui avaient pris une part active à la traite des Noirs la condamnent et prennent des lois qui l’abrogent, la pratique inhumaine et barbare avait derrière elle 400 ans de ravages de l’Afrique. Elle en aura pour longtemps scellé le sort. Pour longtemps, la traite laissa avili ce continent ; avilissant du coup le bourreau. On ne prend pas, sur une durée aussi longue, tant de plaisir sadique malsain à broyer autrui, sans y perdre un peu de son âme, sans conséquences psychologiques fâcheuses inscrites dans le temps long, pour la victime et le bourreau Les pratiques qui accompagnèrent la traite des Noirs et sa justification métaphysique devaient marquer en profondeur la culture occidentale et fournir aux scientifiques des éléments de la théorie racialiste fameuse de la hiérarchie des groupes humains. Déduite de l’observation des niveaux technologiques atteints par chacun d’eux, et des différences biologiques qui expliquent, d’après ces scientifiques, ces différences de niveaux. Des groupes humains qui présentent par rapport aux européens les différences biologiques les plus marquées, les Noirs en l’occurrence, occupant le bas de l’échelle où ils apparaissent comme un raté de la création.

En France, prenant au sérieux ces aberrations du comte de Gobineau, sur des générations, l’Ecole de Jules Ferry les inculqua à des millions d’écoliers. Elles allaient avoir de funestes conséquences sur la colonisation qui fut, comme chacun sait, brutale et barbare. Elles furent au principe de ces expositions où, avec d’autres « curiosités exotiques », des indigènes Noirs des colonies françaises d’Afrique et du Pacifique fournirent la matière, en 1930 et 1932, des expositions coloniales de Paris. Pour que, il n’y’a pas si longtemps de nous, des peuples civilisés aient pris plaisir à traiter de cette façon des êtres humains, il faut croire qu’ils ne les plaçaient pas bien haut sur l’échelle humaine ; à supposer qu’ils les classaient parmi les humains. En tout cas, dans les colonies où existaient des lieux interdits aux Nègres et aux chiens, sale macaque était l’injure que les blancs, à plaisir, chaque jour, jetaient à la figure des colonisés. Les plus innocents de ces indigènes qu’on traitait ainsi en sous-humains et qui ne le jugeaient pas sur ce comportement venu d’une mauvaise éducation, finirent par croire à la supériorité raciale déclarée du Blanc. Commence alors pour eux (la majorité, malheureusement) cette terrible torture morale qui chez certains donneront ces névroses d’angoisse décrites par Frantz Fanon dans Peau noire masques Blancs.

L’abolition de la traite des Noirs et la fin de la colonisation, son prolongement, n’ont pas changé la perception et l’image sinistre que les occidentaux s’étaient faites du Noir. Celles-ci étaient devenues des faits de culture qui commandent des attitudes, ordonnent et orientent des actions. Or, sans être une hypostase, la propriété de la culture est la résistance au changement. Certes, elle change, mais combien lentement ! Quoi d’étonnant alors si, même chez les meilleurs, les occidentaux qui ne connaissent des cultures africaines que ce qu’en a dit la littérature coloniale émaillée de fantaisies exotiques, ne vont pas sans une certaine réticence de réflexe en quelques sortes, au devant des Noirs ? Naturellement ceux d’entre eux qui sont allés en Afrique, et qui se sont efforcés de comprendre l’âme noire, en reviennent souvent frappés par la grande capacité d’amitié du Noir.

Pour faire reculer la xénophobie et la discrimination raciale qui frappent les Noirs en occident, la loi ne suffit probablement pas. C’est le regard de l’occidental tout entier qu’il faut façonner, éduquer. C’est donc à la culture de ce pays qu’il convient d’abord de s’attaquer. Parce que c’est elle qui dicte ces comportements que, dans leur grande majorité, les occidentaux adoptent vis-à-vis des Noirs. Enseigner à l’école, dès le plus bas niveau, que la différence est bonne et fécondante. Que, en dehors des valeurs universelles présentes dans tous les groupes humains : la justice, l’amitié, le respect d’autrui et de son bien, la vérité, etc, toutes celles dont une civilisation peut s’enorgueillir sont relatives. Que, mis à part un petit nombre d’aberrations, tout à fait contingentes, d’ailleurs, toutes les cultures sont d’égale dignité, et que par conséquent, des humains relevant de groupes et de cultures différents peuvent parfaitement cohabiter pacifiquement ; pour peu qu’ils soient à l’écoute de la raison, qui conduit à relativiser les différences et à réduire les distances, pourvu qu’elle ne soit pas viciée.

Qu’on observe, en France par exemple, la vie des crèches et des jardins d’enfants où la République, au nom de la fraternité humaine, ferme les yeux sur les origines sociales, religieuses et ethniques des enfants. Ici, entre ceux-ci, spontanément des liens se tissent ; n’écoutant que leur instinct, têtes blondes et têtes crépues s’assemblent et fusionnent pour célébrer la vie. L’attrait dilectif est déterminé d’abord par le fait qu’on a le même âge, qu’on est tous des poètes venus d’un fabuleux royaume nommé enfance. Qu’on est tous des poètes nés pour célébrer le monde ensemble. Voilà la seule chose qui importe pour les enfants, loin du monde des adultes pleins de calculs incompréhensibles pour eux. Les enfants nous donnent là une leçon d’ouverture et d’accueil de la différence. Pour moi, ils sont tous le « Petit prince de Saint-Exupéry : « si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente » (Saint-Exupéry, Lettre à un otage).
Encore sans malice, les petits d’homme, que plus tard abrutissent le discours et le comportement des parents, se moquent des barrières sociales et ethniques. Voilà pourquoi les peuples dits sauvages mais qui ont encore le charme sans malice de l’enfant sont si accueillants pour l’étranger ; curieux et sans doute désireux de savoir, ils adoptent vite. Face à la différence, surtout quand elle est biologique, la xénophobie est une caractéristique des sociétés industrielles civilisées, occidentales et asiatiques, furieusement protectrices de ce qu’elles appellent leurs biens. Roulée dans l’imaginaire collectif, qui n’épargne ni les savants, ni le petit peuple, la vigueur du contraste des pigmentations qui justifia et légitima la traite des Noirs l’entretient. L’ombre de la traite des Noirs sans cesse accompagne l’occident, rendant toujours problématique entre l’Afrique et l’occident le rapport de confiance souhaité.


Dominique Ngoie-Ngalla

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.